Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les autorités locales ont une nouvelle raison de faire grise mine. Cette fois, ce n’est pas la guerre, les déplacements de population, la malnutrition, le pillage des ressources naturelles locales qui les inquiètent mais les réticences de la population à se faire vacciner contre le mpox (ou variole du singe). Le ministère de la Santé a recensé 33 306 cas de cette maladie infectieuse, dont 6 739 confirmés, et 1 092 décès. Principalement au Kivu.
La première phase de vaccination, sur dix jours, concernait 48 000 personnes, patients, soignants et groupes les plus vulnérables, tels que les professionnels du sexe. Mais du 7 au 17 octobre, seulement 14 000 personnes ont reçu leur première dose de vaccin.
Les réticences de la population sont largement alimentées par des considérations culturelles. Beaucoup craignent que les vaccins étrangers n’aient des effets secondaires néfastes sur la santé des Africains. Malgré les efforts des autorités sanitaires pour rassurer sur la qualité des vaccins, la méfiance persiste. Aline Kasoki illustre cette inquiétude : J’avais été vacciné contre Ebola en 2018. Je ne peux plus me faire vacciner contre le Mpox. J’ai tellement peur des effets secondaires que peuvent entraîner tous ces vaccins dans mon corps. Je ne sais pas d’où viennent ces vaccins.
Aline, 30 ans, est commerçante à Goma, dans le quartier de Himbi. | JOSPIN HANGI
Voir en plein écran
Aline, 30 ans, est commerçante à Goma, dans le quartier de Himbi. | JOSPIN HANGI
Cette méfiance est renforcée par l’expérience du Covid-19, où de nombreux Congolais ont choisi de ne pas se faire vacciner, arguant qu’ils avaient échappé naturellement à la maladie.
En 2021, Bahati Ghislain a été contraint de se faire vacciner pour pouvoir voyager de Goma à Kinshasa. Comme beaucoup d’autres, il a dû se plier aux exigences administratives imposées par le gouvernement, qui exigeait une carte jaune de vaccination contre le Covid-19 pour embarquer dans un vol intérieur.
Bahati, un jeune trentenaire de Goma | JOSPIN HANGI
Voir en plein écran
Bahati, un jeune trentenaire de Goma | JOSPIN HANGI
Je devais voyager, et parmi les documents exigés, il y avait cette carte. Cela m’a coûté 50 dollars, une somme considérable pour moi, regrette Bahati.
Aujourd’hui, malgré cette expérience de vaccination antérieure, Bahati refuse catégoriquement de se faire vacciner contre le Mpox. Son inquiétude est alimentée par la peur des effets secondaires du vaccin, une préoccupation largement partagée dans sa communauté.
J’ai tellement peur des effets secondaires que peuvent entraîner tous ces vaccins dans mon corps. Je ne sais pas d’où viennent ces vaccins. D’aucuns disent qu’ils viennent des Européens, donc je n’ai pas confiance, explique-t-il avec une voix empreinte d’angoisse.
Face à cette résistance, les autorités sanitaires organisent des rencontres avec les médias et des leaders communautaires pour discuter des enjeux de la vaccination. Malgré ces initiatives, le scepticisme demeure.
Dans les camps de déplacés (ils seraient près d’un demi-million), les équipes de santé tentent de sensibiliser la population mais elles rencontrent des obstacles majeurs. Sur des milliers de personnes sensibilisées, seules une cinquantaine ont accepté la vaccination, souvent par obligation, étant en contact avec des personnes infectées.