Par
Muriel Fiez
Publié le
20 mars 2024 à 8h24
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Dès la publication des résultats de l’examen d’État : l’Exetat, dans la République Démocratique du Congo, les meilleurs candidats ayant obtenu au moins 85 % à la notation sont conviés pour passer le test de sélection afin de décrocher, auprès de la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi, 1ère dame du pays, une bourse Excellentia. Emmanuel, Josué et Jonathan s’y sont collés et, ont décroché un sésame. Leurs études sont financées par la bourse, ils sont des 82 boursiers sur les 241 à être suivre leurs cours à l’étranger. Rencontre.
Avec à peine plus d’une centaine d’habitants, nichée en lisière de la forêt de Brocéliande, la petite commune de Tréhorenteuc abrite, depuis quelques semaines déjà, des habitants venus d’autres horizons. Des stagiaires. Trois. Trois jeunes hommes un peu timides et réservés : Emmanuel Yogolélo, 20 ans, Josué Ndizihiwe, 20 ans et Jonathan Mulongoy, 21 ans. Ils sont venus de la République Démocratique du Congo : « Pour suivre des études en France », où ils sont installés depuis fin septembre 2023.
De Kivu ou Goma à Rennes : Excellentia
Ils n’ont pas oublié leurs manteaux. Une seconde peau qui les réconforte, dans un climat météo hostile pour eux. Pensez : la température en ce moment en RDC : République Démocratique du Congo, n’est pas inférieure à 25° au plus frais… À Rennes, ils sont un groupe de 27, répartis sur différents logements à suivre à l’école 3A, des cours de commerce. Depuis 2022, l’établissement privé a conventionné un partenariat avec la fondation de la première Dame de la RDC, Denise Nyakeru Tshisekedi. Une aubaine pour ces trois jeunes boursiers qui, vont valider en 10 mois leur 3e année de licence, avec un encadrement autant ici en métropole que depuis leur contrée éloignée. Cette bourse finance la totalité de leurs études et des frais annexes, pour une période de 5 ans. Dans cette période, ils doivent impérativement trouver un stage. La structure des chevaux de Brocéliande les accueille une semaine sur deux durant deux mois.
Le projet de Josué
Emmanuel Yogolélo est entré à l’université de santé publique communautaire après l’obtention de son diplôme d’État. « Je souhaitais améliorer le côté sanitaire », explique le jeune homme. Mais sollicité, il passe le test du concours Excellentia et décroche la bourse. « Les premières années, j’ai suivi des cours à distance. Mais pour valider la licence et passer ma soutenance, je suis venu en France. Nous sommes bien encadrés avec des référents des deux côtés », admet le jeune homme. Il passera les examens en septembre prochain. Mais pour quel dessein ? « J’aimerais remédier aux soucis de ma société. Me spécialiser dans l’innovation sociale et créer de la richesse pour éradiquer la pauvreté », entame-t-il. Vaste programme ! « J’aimerais apporter ma pierre à l’édifice, avec des actions : penser localement et ramener ce que je peux faire de bien à la communauté, à mon échelle », formule Emmanuel qui ne se dépare pas de son manteau. « Je me suis pas mal intégré, on a pu tisser des liens et communiquer, mais le climat… Il fait très froid.
L’alternatif et le solidaire pour Emmanuel
C’est aussi l’année de la soutenance du mémoire pour Emmanuel. Ce qui motive le jeune homme ? « La coordination de projets alternatifs et solidaires », on peut préciser ? « La formation est large, elle vise à connaître le développement territorial et humanitaire, avec la solidarité, la gestion de projets, la coordination, le management responsable. » Quelle est l’ambition d’Emmanuel ? « Exercer un entrepreneuriat profitable à la société. Après mes études je veux continuer à apprendre en économie solidaire et préparer un Master. » Ici en France ? « Si d’autres portes s’ouvrent… Je souhaite découvrir le monde », lance, avide, le jeune africain.
Des projets agricoles pour Jonathan
Lui aussi a brillamment réussi au test de la fondation de la première dame. Lui aussi suit les cours à l’école 3A. Mais pour Jonathan, très intéressé par l’agriculture, ses projets vont vers la terre nourricière. « Je souhaite monter des projets agricoles dans mon pays. Il y a beaucoup de terres libres. » Des productions légumières, quoi ? « Toutes sortes d’agricultures », hésite l’étudiant.
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Le stage aux chevaux de Brocéliande
Ce n’est pas un hasard, si Emmanuel, Josué et Jonathan réalisent leur stage aux chevaux de Brocéliande. Florence Peissard, l’une des trois associés de la structure équestre, est aussi formatrice à l’école 3A. « Elle nous connait, car elle intervient dans nos classes », tonnent en cœur les stagiaires.
Pour le centre équestre, Jonathan réalise les supports de publicité et de communication. Josué, lui, recherche : « La redynamisation du modèle économique du centre. Je développe des formations pour conquérir le marché digital. Plusieurs vidéos sont en cours de finalisation comme : comment faire monter son cheval dans le van », des tutos qui seront accessibles au plus grand nombre depuis chez eux, afin de se perfectionner ou d’aborder une thématique précise, autour du monde du cheval. Emmanuel travaille au : « développement territorial pour identifier et trouver des partenaires et acteurs locaux afin d’accueillir des touristes dans de bonnes conditions. Je recherche aussi les appels à projets et les fonds disponibles », lance, sérieux, le jeune étudiant.
Le trio se regarde, il se demande si chacun a bien répondu aux questions. L’appréhension s’atténue, Emmanuel fait la remarque : « Ici, les gens fument trop. » Josué opine du chef, il est d’accord et trouve : « La société est dynamique, les étudiants recherchent des jobs d’été », décrit admiratif le jeune homme. « Les gens sont pressés et toujours en retard », observe Jonathan. « Oui, mais ils sont toujours prêts à aider », ponctue Emmanuel. Tous trois ont réalisé leur première séance d’équitation le matin même : « Et ça s’est merveilleusement bien passé grâce à Gaëlle, la monitrice qui nous a bien préparés en amont », acquiescent-ils en cœur. Leur stage se terminait le 8 mars.
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