Muhammad Ali et George Foreman lors de leur combat pour le titre de champion du monde poids lourds, le 30 octobre 1974 à Kinshasa. – / AFP
Alfred Mamba n’avait que 12 ans lorsque les stars américaines de la boxe Muhammad Ali et George Foreman sont arrivées en octobre 1974 dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), Kinshasa, pour se disputer le titre de champion du monde poids lourds. Cinquante ans plus tard, le souvenir du légendaire « Rumble in the jungle » (« Bagarre dans la jungle »), un match gravé dans la mémoire congolaise, est resté intact chez cet ancien boxeur devenu arbitre.
Aux premières heures du 30 octobre 1974, Alfred était d’abord venu admirer son père, lui-même arbitre de boxe, à qui l’honneur avait échu de porter le drapeau des champions dans le stade du 20-Mai de Kinshasa. Quelque 100 000 spectateurs étaient présents dans la gigantesque structure en béton, désormais appelée stade Tata-Raphaël, dans le centre de la capitale.
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« L’atmosphère était incroyable, on n’avait jamais vu une ambiance pareille », raconte Alfred à l’AFP, en marge des championnats africains de boxe amateur, organisés à Kinshasa du 18 au 27 octobre. « Les gens criaient à tous les moments possibles, c’était vraiment génial », se souvient-il, assis sur une chaise en plastique au bord d’un ring, en feuilletant des photos en noir et blanc du combat historique.
« Ali était congolais »
George Foreman était donné comme le favori. Mais c’est finalement Muhammad Ali qui avait remporté la victoire par KO, au huitième round. « Quand Muhammad Ali a donné le [dernier] coup, tout le monde a crié », se souvient Alfred. Le vainqueur s’était déjà attiré le soutien du public congolais dans les jours précédant la rencontre.
Son adversaire, George Foreman, était arrivé à Kinshasa accompagné de deux bergers allemands, une race de chiens prisée par les colons belges, qui dominaient le pays jusqu’à son indépendance en 1960. Muhammad Ali en avait profité pour discréditer son adversaire en l’accusant d’être lié à l’ancienne puissance coloniale et se présenter lui-même en héros africain. Martin Diabintu, ancien boxeur et arbitre de boxe à Kinshasa, assure à l’AFP que les Congolais considéraient Ali comme « un frère » : « Ali était congolais », résume-t-il.
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Le « Rumble in the jungle » organisé au Zaïre – le nom de la République démocratique du Congo de 1971 à 1997 – fut l’un des événements les plus regardés de l’époque, suivi en direct à la télévision par des fans de boxe du monde entier. Cette ferveur avait gagné les rues de Kinshasa. « Tout le monde voulait voir ce combat », assure Alfred Mamba.
Un motif de fierté
Boniface Tshingala, un autre boxeur et arbitre, se souvient encore de la file d’attente qui s’étendait sur plusieurs kilomètres à l’extérieur du stade. « C’était plein à craquer, tout le monde voulait entrer » et « on ne pouvait pas faire deux mètres sans croiser quelqu’un », se remémore-t-il.
Depuis 1974, la population de Kinshasa a été presque multipliée par dix et les terrains verdoyants des alentours du stade ont disparu sous le béton. Mais le souvenir du combat mythique est resté vivace. « Encore aujourd’hui, on l’appelle “le combat du siècle” », note Martin Diabintu. Aujourd’hui âgé de 64 ans, il était adolescent lorsque les deux athlètes américains ont atterri à Kinshasa.
Il dit avoir marché 10 kilomètres depuis sa maison jusqu’au stade, pour ne pas manquer ce combat qui a marqué sa vie. « C’est cet événement qui m’a poussé à faire de la boxe », assure celui qui est devenu entraîneur, puis arbitre. Pour les trois anciens boxeurs rencontrés par l’AFP, le « Rumble in the jungle » et sa légende sont aussi un motif de fierté. « Les gens ne croyaient pas que la RDC pouvait organiser ce combat [mais] nous avons réussi à 100 % », souligne Alfred Mamba.
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