Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, la cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président tunisien, Kaïs Saïed, et la présidente du conseil italien, Georgia Meloni, à Tunis, le 11 juin 2023. AFP / PRESIDENCE TUNISIENNE
Pour Giorgia Meloni, l’Afrique est plus qu’une priorité. C’est une vocation. Pris en bloc, avec ses ressources naturelles à valoriser et ses flux migratoires à juguler, le continent est au cœur de tous les discours de politique étrangère de la présidente du conseil italien. Depuis les premiers jours de son mandat, Mme Meloni appelle à la mise en œuvre d’un « plan pour l’Afrique » en réponse aux crises du continent. Longtemps resté nébuleux, son contenu encore confidentiel doit être enfin dévoilé à l’occasion du sommet Italie-Afrique qui se tiendra à Rome dimanche 28 et lundi 29 janvier. En présence d’au moins douze organisations internationales et de vingt-six chefs d’Etat, chefs de gouvernement, ministres et autres hauts responsables, la cheffe de l’exécutif italien va pouvoir détailler la nature du « changement de paradigme » qu’elle souhaite porter dans les relations entre l’Europe et l’Afrique, une entreprise répondant aux mots d’ordre de « non-prédation » et de coopération « d’égal à égal ».
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En quinze mois de mandat, d’allocutions en conférences de presse, de la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies à la scène de la fête annuelle de son parti, Mme Meloni en a brossé la ligne générale. Dans le grand récit qu’elle fait de son projet africain, la présidente du conseil développe le raisonnement selon lequel des investissements européens massifs dans l’économie d’un continent jusqu’à présent exploité par des puissances malveillantes permettront sur le long terme de lutter à la racine contre les causes de migrations illégales qu’elle a promis à son électorat de contrôler.
Contrairement à la France, en recul sur le continent, Rome, qui estime y jouir d’une image intacte, se félicite d’échapper aux accusations de néocolonialisme et se pose donc en facilitateur des relations euro-africaines. Pour Mme Meloni, la géographie autant que la politique prédisposent la péninsule italienne à devenir un pont entre les deux continents, cette idée étant complétée au passage par une aspiration très concrète à faire de l’Italie un hub entre les ressources énergétiques africaines et les marchés européens.
Mme Meloni se réfère d’ailleurs à sa vision africaine en parlant d’un « plan Mattei », baptisé en hommage à Enrico Mattei (1906-1962), fondateur de l’Ente Nazionale Idrocarburi (ENI), la compagnie nationale des hydrocarbures. Figure légendaire du XXe siècle italien, M. Mattei est aussi bien identifié au développement industriel italien de l’après-guerre qu’à un rayonnement international vertueux ayant accompagné l’émancipation du tiers-monde grâce à des contrats avantageux pour les pays producteurs de pétrole. Il est également connu pour le soutien qu’il a apporté au Front de libération nationale contre la France lors de la guerre d’indépendance algérienne.
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