Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 10 mai 2024
Lecture : 2 minutes.
La géopolitique internationale a toujours été une marotte de l’homme politique français Jean-Luc Mélenchon, et pas seulement sous le prisme de l’Amérique du Sud, berceau du bolivarisme et du castrisme. Le chantre de la « nouvelle » gauche radicale ne dédaigne pas de haranguer une Afrique plus proche, pour peu qu’elle apporte de l’eau à son moulin idéologique.
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À propos du pays de la Teranga, Jean-Luc Mélenchon écrivait dès 2021 : « Le Sénégal nous parle. Sachons l’entendre. » En février dernier, à l’occasion d’un rassemblement parisien en solidarité avec le pays ouest-africain, il appelait à ne pas museler l’opposant Ousmane Sonko et s’exclamait : « Le peuple est le seul souverain ! » Depuis, ce peuple s’est exprimé dans les urnes. Désormais à la tête du gouvernement, Sonko vient d’annoncer que Jean-Luc Mélenchon conduirait une délégation à Dakar, du 14 au 18 mai.
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Échange de bons procédés
Athlètes politiques chevronnés, tous deux tenteront d’en tirer parti. Controversé dans le chaudron qu’est devenu la France depuis l’importation du conflit Israël-Hamas, le fondateur de La France insoumise (LFI) prendra un peu d’air marin. Ses pourfendeurs, qui l’accusent de calcul électoral « islamogauchiste » et de récupération grossière des suffrages des Français issus de l’immigration, noteront qu’il se rend sur une terre d’émigration, qui plus est musulmane à près de 97 %…
À ceux qui l’accuseraient d’aller voir les puissants du moment, il mettra en avant qu’il est moins invité par la République sénégalaise que par la formation de Sonko, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Et s’il devait effleurer les ors du régime, il aurait beau jeu de le faire au moment où le mot « rupture » peut encore résonner.
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Compatibilité idéologique
Pour le duo que forment Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre, il s’agit d’éviter la traditionnelle « présentation de lettres de créances » informelles à laquelle avaient habitué les précédents chefs de l’État qui se rendaient rapidement en voyage chez l’ancien colon, partenaire historique du Sénégal. Après avoir programmé moult visites sous-régionales, les deux dirigeants sénégalais s’offriront un joli cliché de rupture, en recevant l’un des opposants les plus résolus d’un Emmanuel Macron qui se sera peut-être fendu d’un tweet en wolof pour rien.
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Quant au septuagénaire français, il tentera de démontrer qu’il est encore dans le coup, aux côtés des quadragénaires sénégalais… Au-delà des intérêts des uns et des autres en termes de communication, il n’en reste pas moins que Diomaye, Sonko et Mélenchon sont plutôt idéologico-compatibles.
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