Plus de 60 000 personnes sont aujourd’hui en mission dans le monde dans le cadre d’opérations de maintien de la paix, signale l’ONU. Une activité dangereuse, qui a coûté la vie à près de 4 400 personnes depuis 1948. Mais la violence n’est pas à l’origine de tous les décès, loin s’en faut.
Publié le 19/10/2024 11:08
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Une patrouille de la Finul dans le sud du Liban, le 10 octobre 2023 (JOSEPH EID / AFP)
Depuis la première « mission d’observation » engagée par l’ONU en Palestine le 1er mai 1948, 4 398 personnels de l’organisation ont trouvé la mort dans des 71 opérations de maintien de la paix menées à ce jour. Des décès qui touchent, dans huit cas sur dix, des militaires et dont les causes ne sont pas toujours en lien avec un conflit.
Historiquement, la maladie est la cause la plus répandue de décès chez les Casques bleus en mission, suivie par les accidents et, enfin, par les actes malveillants. Mais évidemment, ce chiffre varie selon la nature de l’engagement.
La Monusco (et les missions qui l’ont précédée), à l’œuvre pendant 25 ans en République démocratique du Congo, a le triste palmarès des victimes de maladie. Dans le contexte chaotique du Nord-Kivu, 251 de ses agents ont succombé notamment, comme la population locale, à des épidémies de choléra, de rougeole, de méningite, de variole et de peste.
Le scénario est le même dans tous les pays, principalement africains, où la crise sécuritaire se double d’un drame humanitaire, dont les personnels de l’ONU sont eux-aussi victimes. Depuis 2007, la maladie a emporté 158 personnels de la Minuad, au Darfour, tandis que, de 2003 à 2018, la Minul, au Liberia, a perdu 151 agents pour les mêmes raisons.
Après l’insécurité sanitaire, qui a tué 1629 Casques bleus depuis 1948, ce sont les accidents qui déciment les bataillons. 1 387 morts recensés, avec trois pays particulièrement touchés : Haïti, le Liban et la Croatie.
La Binuh, qui œuvre depuis 1999 au rétablissement de la paix civile à Port-au-Prince, paie le prix d’un dramatique séisme en 2010 qui, à lui seul, a emporté 102 de ses personnels – il a tué plus de 200 000 personnes au total. La Forpronu, qui mobilisera jusqu’à 14 000 hommes pendant trois ans en Croatie, y perdra plus de 100 personnes, morts sur la route ou en manipulant des armes ou munitions. 127 membres de la Finul, enfin, ont perdu la vie par accident, le plus souvent de la route.
Restent les actes malveillants, à l’origine de 1134 morts depuis 1948, les plus inacceptables au regard de la nature des missions de l’ONU. Pour mémoire, l’article 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale définit comme « crime de guerre » « le fait de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel, les installations, le matériel, les unités ou les véhicules employés dans le cadre d’une mission d’aide humanitaire ou de maintien de la paix conformément à la Charte des Nations unies ».
Depuis 1999, au Nord-Kivu, les Casques bleus ont perdu 192 des leurs, délibérément visés par des forces hostiles. Un record en valeur absolue. En dix ans, 174 personnes de la Minusma, au Mali, ont été tués, soit l’opération la plus coûteuse sur le plan sécuritaire.
Si la Finul, qui totalise 337 morts depuis 1978, peut déplorer le bilan le plus dramatique des missions de l’ONU, dans le détail, et sur la durée, elle se révèle finalement relativement préservée des agressions violentes : 94 morts en 46 ans, c’est toujours trop, mais c’est moins que les 174 hommes de la Minusma tués en dix ans au Mali.