La Chine accueille avec faste les dirigeants africains. Plusieurs dizaines d’entre eux participent à partir de ce mardi à Pékin au sommet Chine-Afrique qui est organisé tous les trois ans. Les Chinois, déjà très présents économiquement sur le continent, promettent d’aller encore plus loin dans cette coopération. De nouveaux accords et de nouveaux prêts devraient être signés lors du sommet, même si la politique africaine de la Chine est en pleine évolution.
Depuis le début des années 2010, la Chine a déversé en Afrique des dizaines de milliards de dollars. 100 000 kilomètres de routes et d’autoroutes ont été construits, 10 000 kilomètres de voies ferrées, ou encore des centaines de ports. Cette politique de prêts massifs à l’Afrique a permis de financer des mégaprojets. Mais dépenser sans compter, la Chine n’en a aujourd’hui plus vraiment les moyens. L’économie chinoise connait une période de ralentissement depuis le covid. Dans ce contexte, le régime communiste ne peut pas se permettre de prendre des risques financiers inconsidérés.
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Le sommet ne fait que commencer, mais on sait déjà que le montant global des nouveaux prêts qui seront accordés aux Africains seront très loin de ce qui était annoncé, par exemple en 2016. À l’époque, près de 30 milliards de dollars de prêts avaient été signés par la Chine.
À l’automne 2023, lors du forum des Nouvelles routes de la soie à Pékin, la Chine avait donné un avant-gout de sa nouvelle stratégie en annonçant vouloir désormais donner la priorité à des projets de plus petite taille, moins risqués financièrement et plus respectueux pour l’environnement. Des projets axés notamment sur l’aide directe aux populations, avec par exemple une large place donnée aux programmes de lutte contre la pauvreté.
Pékin espère ainsi améliorer son image, en particulier sur la question de l’endettement des pays Africains. Sur ce point, la nouvelle stratégie prévoit de privilégier le recours à des plateformes multilatérales pour financer les projets, comme par exemple la Banque africaine d’import-export, plutôt que le vieux modèle des prêts directs aux états.
Les dirigeants Africains accueillent de manière plutôt favorable cette nouvelle politique chinoise, plus prudente sur le plan financier. Ce qui ne les empêche pas de demander à Pékin de continuer à financer les gros projets d’infrastructures. « Pour un pays, comme le mien, ce dont nous avons le plus besoin », explique le ministre gabonais des Affaires étrangères, Régis Onanga Ndiaye, « ce ne sont plus des constructions cosmétiques. Nous travaillons avec la Chine pour avoir des infrastructures de grandes dimensions. Des ports, des grandes voies, construire de grands barrages. Nous devons mettre l’accent là-dessus avec la Chine. »
L’Afrique profite aussi de ce sommet pour faire passer des messages. Le président sud-africain a plaidé pour un commerce plus équilibré et a demandé à la Chine d’acheter et d’importer davantage de produits africains.
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