Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 9 novembre 2023
Lecture : 2 minutes.
Ces derniers mois, la France d’Emmanuel Macron s’est tellement fait tacler, notamment dans des contrées africaines où elle avait implanté des bases militaires permanentes ou temporaires, que le président français aurait bien eu besoin d’être soutenu par les élus de sa République. Néanmoins, ce n’est pas dans le sens du poil que le caresse un rapport d’information parlementaire sur les relations entre la France et l’Afrique, présenté à l’Assemblée nationale française ce mercredi 8 novembre.
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Les deux rapporteurs sont pourtant issus des rangs de la Macronie : le député Bruno Fuchs du MoDem, parti centriste qui contribua à l’arrivée au pouvoir de Macron en 2017, et l’élue Michèle Tabarot, du parti de droite Les Républicains, dont Macron débaucha quelques pontes pour son gouvernement.
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Les critiques ne concernent cependant pas que les six ans et demi de mandat du chef de l’État français mais épinglent une vingtaine d’années de politique africaine.
Nombreux griefs
Parmi les rares points positifs qui tranchent avec le « sentiment anti-politique française » évoqué au Sahel se trouve le relatif « succès militaire » de l’opération Barkhane au Mali, selon les auteurs du rapport parlementaire.
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Pour le reste des 175 pages nourries de dizaines d’auditions d’acteurs africains et français, le vocabulaire employé ne surprendrait pas dans les bouches de certains néo-anti-impérialistes africains : « double standard à l’égard des coups d’État » (Tchad versus Mali), manque de « vision politique », perte de « connaissance fine du terrain », « maladresses vexatoires » dans les mots ou dans les actes, politique des visas jugée « humiliante » par les élites africaines, manque d’adaptation aux mutations africaines, posture progressivement « illisible », « condescendance », obsession des « parts de marché », défaut de « cohérence » et de « respect », croyance que « l’on doit agir depuis Paris »… Sur RFI, Bruno Fuchs a aussi évoqué des « façons d’opérer dans un pré carré qui n’ont pas complètement disparu ».
Ne jetant pas le bébé du travail mémoriel et de la restitution d’œuvres d’art avec l’eau du bain françafricain, le rapport parlementaire préconise d’urgence « une offre stratégique précise et de long terme qui donne envie aux pays africains de maintenir des liens nourris et plus égalitaires avec la France ». Ne tombe-t-il pas dans le piège des discours lénifiants souvent peu suivis d’effets ?
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De façon concrète, les deux rapporteurs suggèrent notamment de réformer « en profondeur » l’aide publique au développement – avec plus de dons et moins de prêts –, d’enseigner « l’Afrique d’aujourd’hui » dans les écoles françaises, d’instituer un visa spécifique pour les pays d’Afrique francophone ou encore d’ouvrir davantage le corps diplomatique aux Français afro-descendants. Un nouvel assaut de jargon au service exclusif des bisbilles parlementaires franco-françaises ?